On connaît nos F/F Potier et Clement pour « Le temps des Cerises » mais ils ont rendu compte d’une réalité terrible
Clément sur l'air du Chant des Paysans de Pierre Dupont, a écrit « la semaine sanglante en juin 1871 en pleine période de répression.
Elle fait au moins trente mille morts.
La semaine sanglante
Sauf des mouchards et des gendarmes,
On ne voit plus par les chemins,
Que des vieillards tristes en larmes,
Des veuves et des orphelins. Paris suinte la misère,
Les heureux mêmes sont tremblant.
La mode est aux conseils de guerre,
Et les pavés sont tous sanglants.
Sauf des mouchards et des gendarmes,
On ne voit plus par les chemins,
Que des vieillards tristes en larmes,
Des veuves et des orphelins.
Paris suinte la misère,
Les heureux mêmes sont tremblant.
La mode est aux conseils de guerre,
Et les pavés sont tous sanglants.
Les journaux de l’ex-préfecture,
Les flibustiers, les gens tarés,
Les parvenus par l’aventure,
Les complaisants, les décorés
Gens de Bourse et de coin de rues,
Amants de filles au rebut,
Grouillent comme un tas de verrues,
Sur les cadavres des vaincus.
On traque, on enchaîne, on fusille
Tout ceux qu’on ramasse au hasard.
La mère à côté de sa fille,
L’enfant dans les bras du vieillard.
Les châtiments du drapeau rouge
Sont remplacés par la terreur
De tous les chenapans de bouges,
Valets de rois et d’empereurs.
Nous voilà rendus aux jésuites
Aux Mac-Mahon, aux Dupanloup.
l va pleuvoir des eaux bénites,
Les troncs vont faire un argent fou.
Dès demain, en réjouissance
Et Saint Eustache et l’Opéra
Vont se refaire concurrence,
Et le bagne se peuplera.
Demain les manons, les lorettes
Et les dames des beaux faubourgs
Porteront sur leurs collerettes
Des chassepots et des tampbours
On mettra tout au tricolore,
Les plats du jour et les rubans,
Pendant que le héros Pandore
Fera fusiller nos enfants.
Demain les gens de la police
Refleuriront sur le trottoir,
Fiers de leurs états de service,
Et le pistolet en sautoir.
Sans pain, sans travail et sans armes,
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes,
Des sabre-peuple et des curés.
Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé ?
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé ?
Jusques à quand la Sainte Clique
Nous croira-t-elle un vil bétail ?
A quand enfin la République
De la Justice et du Travail ?
Elle n'est pas morte (Victor Parizot- Eugène Potier 1886 « Elle n’est pas morte »)
On l'a tuée à coups d'chassepots,
À coups de mitrailleuses,
Et roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse !
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.
Refrain
Tout ça n'empêche pas, Nicolas,
Qu'la Commune n'est pas morte !
(2 fois)
Comme faucheurs rasant un pré,
Comme on abat des pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent-mille hommes !
Et les cent-mille assassinats,
Voyez c'que ça rapporte...
Refrain
On a bien fusillé Varlin,
Flourens, Duval, Millière,
Ferré, Rigault, Tony Moilin,
Gavé le cimetière.
On croyait lui couper les bras
Et lui vider l'aorte.
Refrain
Ils ont fait acte de bandits,
Comptant sur le silence,
Achevé les blessés dans leur lit,
Dans leur lit d'ambulance !
Et le sang inondant les draps
Ruisselait sous la porte !
Refrain
Les journalistes, policiers,
Marchands de calomnies,
Ont répandu sur nos charniers
Leurs flots d'ignominies !
Les Maxime Du Camp, les Dumas
Ont vomi leur eau-forte.
Refrain
C'est la hache de Damoclès
Qui plane sur leurs têtes :
À l'enterrement de Vallès,
Ils en étaient tout bêtes,
Fait est qu'on était un fier tas
À lui servir d'escorte !
Refrain
C'qui prouve en tout cas, Nicolas,
Qu'la Commune n'est pas morte.
(2 fois)
Bref, tout ça prouve aux combattants
Qu'Marianne a la peau brune,
Du chien dans l'ventre et qu'il est temps
D'crier : « Vive la Commune ! »
Et ça prouve à tous les Judas
Qu'si ça marche de la sorte,
Refrain
Ils sentiront dans peu, nom de Dieu,
Qu'la Commune n'est pas morte !
Elle n'est pas morte
On l'a tuée à coups d'chassepots,
À coups de mitrailleuses,
Et roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse !
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.
Refrain
Tout ça n'empêche pas, Nicolas,
Qu'la Commune n'est pas morte !
(2 fois)
Comme faucheurs rasant un pré,
Comme on abat des pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent-mille hommes !
Et les cent-mille assassinats,
Voyez c'que ça rapporte...
Refrain
On a bien fusillé Varlin,
Flourens, Duval, Millière,
Ferré, Rigault, Tony Moilin,
Gavé le cimetière.
On croyait lui couper les bras
Et lui vider l'aorte.
Refrain
Ils ont fait acte de bandits,
Comptant sur le silence,
Achevé les blessés dans leur lit,
Dans leur lit d'ambulance !
Et le sang inondant les draps
Ruisselait sous la porte !
Refrain
Les journalistes, policiers,
Marchands de calomnies,
Ont répandu sur nos charniers
Leurs flots d'ignominies !
Les Maxime Du Camp, les Dumas
Ont vomi leur eau-forte.
Refrain
C'est la hache de Damoclès
Qui plane sur leurs têtes :
À l'enterrement de Vallès,
Ils en étaient tout bêtes,
Fait est qu'on était un fier tas
À lui servir d'escorte !
Refrain
C'qui prouve en tout cas, Nicolas,
Qu'la Commune n'est pas morte.
(2 fois)
Bref, tout ça prouve aux combattants
Qu'Marianne a la peau brune,
Du chien dans l'ventre et qu'il est temps
D'crier : « Vive la Commune ! »
Et ça prouve à tous les Judas
Qu'si ça marche de la sorte,
Refrain
Ils sentiront dans peu, nom de Dieu,
Qu'la Commune n'est pas morte !
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Les Francs Maçons dans la Commune de Paris 1871
L’avènement de la Commune des Paris, est jugé suffisamment important par le G.°.O.°.D.°.F.°., pour qu’il appelle tous les F.°. M.°. à se rassembler devant le Mur des Fédérés au cimetière du Père-Lachaise, tous les 1° Mai.
La Commune de Paris de 1871 est mal enseignée, voire occultée dans l’enseignement laïque et obligatoire, et même dans nos rangs. .
Pour ceux qui pénètrent pour la première fois dans ce pan d’histoire, je recommande : « Mes carnets rouges » de Maxime Vuillaume réédité en 2011 (ed La Découverte). Vuillaume ingénieur de mines et publiciste fut durant son exil le second de la construction du tunnel du Saint Gothard.
Mais pourquoi la Commune est elle si singulière. Comme l’écrit Auguste Arnould :
« …la Commune de Paris est PLUS et AUTRE CHOSE qu’un soulèvement. Elle fut un l’avènement d’un principe, l’affirmation d’une politique. En un mot elle ne fut pas une révolution de plus, elle fut une révolution nouvelle, portant dans les plis de son drapeau tout un programme original et caractéristique. »
La Commune établit un pouvoir d’une autre nature, je cite Auguste Arnould :
La première révolution s’appela : la proclamation des droits de l’Homme, - la THEORIE !
La seconde s’appelle : la Commune,- la PRATIQUE !
L’une était politique l’autre est sociale !
Cela reste d’une brûlante actualité. L’engagement des Francs Maçons dans cette révolution allait déterminer l’avenir de notre Ordre.
La maçonnerie dans les révolutions :
Les historiens débattent beaucoup sur la part de la maçonnerie dans les Révolutions françaises. Je vais éviter de trop détailler pour n’être pas dans l’érudition historique mais davantage dans le sens, le courrant des idées.
La société médiévale est une société de castes comme certains pays encore aujourd’hui. La maçonnerie médiévale réalise l’union des trois ordres.
A l’intérieur tous égaux! Ou « free maçon tous pareils ».
Du moins jusqu’à un certain point car les peuples des compagnons ne pratiquent pas tout à fait la même maçonnerie que les clercs. Mais ils ont en commun un but : la liberté de passer et de penser. Et c’est une réalité pour les charpentiers et maçons, escribouilles, imagiers, etc..., qui peuvent se déplacer quand le serf est attaché à un fief. La liberté de penser passe par un certain nombre de subterfuges, comme l’art du grimoire et du rebus. Mais là aussi les clercs ne pratiquent pas le même : eux qui maîtrisent le Grec et le Latin.
Maintenant allons faire un tour au musée Carnavalet. Au travers du mobilier et en particulier de la porcelaine, vous verrez de très nombreux symboles maçonniques avec au premier rang le niveau. Logique ! ( cf. aussi « Franc-Maçonnerie et Faïences» Nevers Palais Ducal ed C Ghivasky juin 2000)
Ce qui frappe c’est la permanence de la représentation de l’union des trois ordres, sous des formes symboliques assez diverses.
Il ne s’agissait pas de supprimer la noblesse, mais d’abolir les privilèges. La révolution de 1789 réalise pour le peuple, ce que la maçonnerie médiévale faisait dans ces ateliers.
Ce qui fera dire à des auteurs comme Gracet d’Orcet, que cette maçonnerie ayant atteint son but s’était en quelque sorte sabordée. Les liens avec la nouvelle maçonnerie spéculative ne se faisant, alors que par des hommes en tant que tels.
En 1871, dans le Paris assiégé, conformément à leurs idéaux, des Francs Maçons s’avancent pour tenter une conciliation avec Adolphe Tiers. C’est à l’initiative de la Loge Les Disciples du Progrès. Le Secrétaire Général du GO est prévenu le 8 Avril pour une rencontre le 9. Le manifeste de la Loge est tiré à des milliers d’exemplaires. La rencontre aura lieu en fait le 11 Avril. Conduite par Montanier, c’est un échec. Montanier le 15 Avril termine son compte-rendu par ces mots :
« La Franc Maçonnerie va tenter de nouveaux efforts et elle ne s’arrêtera que quand il aura été démontré que tous les moyens d’action sont désormais impuissants à conjurer le mal »
Le même jour un débat est organisé par Les Disciples du Progrès. On débat de l’interposition des Francs Maçons , bannières déployées, entre les combattants mais aussi de combattre les versaillais s’ils n’acceptent pas de conciliation.
Le 27 Avril la loge Le Globe de Vincennes appelle à une assemblée générale le 29 au Châtelet. La Rose Ecossaise déclare que la Commune est le nouveau Temple de Salomon.
Les Membres du conseil de l’ordre dans une déclaration du même jour se désolidarisent. Après un rappel à l’ordre et à nos valeurs, ils déclarent que le GODF :
« ne se trouve nullement lié par la résolution prise dans l’Assemblée du Châtelet »
Le défilé qui suit est extraordinaire, rythmé au son de la mitraille.
Louis Michel dans « La commune, Histoire et souvenir » écrit :
« Ce fut un spectacle comme ceux des rêves que ce défilé étrange »
Les FF se rangent sous leurs bannières, mais il y a aussi des CR+C cordon rouge au cou et des CKS avec leurs écharpes noires et argent, aux côtés des soldats, des francs tireurs, des gardes nationaux.
Le compagnonnage se joint à la protestation. L’opposition est désormais très minoritaire.
Le 5 mai deux ballons aux emblèmes des trois rites emportent vers la province le manifeste :
Les Francs Maçons et les Compagnons de Paris à leurs frères de France et du Monde Entier.
Dans ce long plaidoyer, on peut y lire :
« Armons-nous pour la défense !
Sauvons Paris !
Sauvons la France !
Sauvons l’Humanité !
Paris, à la tête du progrès humain, dans une crise suprême, fait un appel à la maçonnerie universelle, aux compagnons de toutes les corporations ; il crie : A moi les enfants de la veuve ! »
Incidemment nous comprenons qu’au XIXe siècle les liens entre Compagnonnage et F.°.M.° étaient encore bien réels.
Pour terminer écoutons notre F.°. Pyat (1), dans son discours tenu le 29 avril 1871 devant les 6 000 Francs-Maçons venus de 55 Loges parisiennes :
"Frères, citoyens de la grande partie universelle, fidèles à nos principes communs : Liberté, Égalité, Fraternité, et plus logique que la Ligue des Droits de Paris, vous, Francs-Maçons, vous faites suivre vos paroles de vos actions. Aussi, après avoir affiché votre manifeste – le manifeste du cœur – sur les murailles de Paris, vous allez maintenant planter votre drapeau d'humanité sur les remparts de notre ville assiégée et bombardée. Vous allez protester ainsi contre les balles homicides et les boulets fratricides, au nom du droit et de la paix universelle".
(Pyat réussira à gagner l’Angleterre après la défaite de confédérés.)
(1) Discours tenu le 29 avril 1871 devant 6 000 Francs-Maçons venus de 55 Loges parisiennes avant que ceux-ci n'aillent planter leurs bannières sur différentes barricades et, pour beaucoup, se fassent tuer par les versaillais. Le 18 avril 1971, au Palais de la Mutualité, eut lieu la commémoration du centenaire de la Commune de Paris. Sous la présidence de Léo Campion, cette manifestation regroupa toutes les obédiences maçonniques, tous les syndicats, la Ligue de l'Enseignement, la Ligue des Droits de l'Homme, la Ligue Internationale contre le Racisme et l'Antisémitisme, les partis de gauche et… la Fédération anarchiste. Le 24 avril 1971, plus de 3 000 maçons(ne), en tenue, bannières déployées, défilèrent devant le Mur des Fédérés du cimetière du Père-Lachaise.
Le mur des Féférés
Le 28 avril au bout de la semaine sanglante la Commune avait vécu : écoutons nos Frères Potier & Clémént)
« On l’a tuée à coup de chassepot. À coup de mitrailleuse » (Victor Parizot- Eugène Potier 1886 « Elle n’est pas morte »)
« Les journaux de l’ex-préfecture,
Les flibustiers, les gens tarés,
Les parvenus par l’aventure,
Les complaisants, les décorés
Gens de Bourse et de coin de rues,
Amants de filles au rebut,
Grouillent comme un tas de verrues,
Sur les cadavres des vaincus. » (Jean-Baptiste Clément- Pierre Dupont 1871 « La semaine sanglante »)
Voilà comment des poètes rendent compte de la tuerie.
Et Après ?
Dans une circulaire du 18 Août 1871 le G.°.M.°. continuera à se désolidariser des « quelques hommes indignes du nom de Franc Maçons. », tout en esquissant malgré tout, une perspective de réconciliation.
Quels sont ces Frères indignes ? Certains vous sont connus, je pense :
Charles Amouroux (réfugié en Belgique), Jaroslaw Dombrowski (blessé mortellement sur la barricade de la rue Myrrha), Emile Eudes (condamné à mort par contumace), Gustave Flourens (idem), Francis Jourde, Charles Longuet, Jean Batiste Millière (fusillé sur le champ par le capitaine Garcin), Eugène Protot (blessé sur les barricades, il réussit à s’échapper) , Jules Vallès (condamné à 6 mois de prison), Auguste Vermorel (idem) … et bien d’autres, ils étaient 6000.
Parmi les 55 loges en plus des celles déjà citées : La Rose du parfait silence, l’Etoile Polaire, le Garant d’Amitié, etc.
Ces F F.°. plantèrent leurs bannières sur les remparts et surent mourir pour la Commune.
Le rôle que les F/M dans la Commune n’est pas historiquement majeur, mais il est historiquement important. Et, très important pour nous.
Sans l’abnégation de ces Frères qui mirent les idéaux au-dessus de leur vie, jamais la Franc Maçonnerie n’aurait pu avoir l’influence qu’elle eut sous l’III° République.
Notre ordre aurait fini aux poubelles de l’Histoire avec bien d’autres sociétés réactionnaires. Ces actes sont fondateurs pour la maçonnerie moderne. Il est dommage que nous n’en parlions pas plus souvent.
Le noir fut moindre que la lumière : c’est la lumière qui a triomphé. Ceux de Mercie furent majoritaires.
Ma conviction c’est que l’engagement de ces Frères ouvrira la voie à la « liberté absolue de conscience » et l’abandon de la référence obligatoire au G.°.A.°.D.°.L.°.U.°. , en 1877, encrant la maçonnerie du GODF du côté solaire.
Rappelons que la commune a « inventé » la séparation des églises et de l’état, l’enseignement mixte obligatoire, l’égalité des salaires homme/ femme, pour les instituteurs par exemple, un salaire minimum garantit dans les adjudications publiques (évitant le dumping social), la reprise des entreprises abandonnées par les associations ouvrières etc…etc…
Toute une série d’idées dans laquelle la 3° République a puisé quelques dizaines d’années plus tard.
À cette époque, la « progressivité » de notre ordre, son aspiration à la « Libération humaine », en tant qu’appareil, a failli.
Mais, heureusement, par leur engagement personnel, des Frères ont su conserver la confiance du peuple.
Le 16 février 1885, cinq ans après l'amnistie, 10 000 personnes accompagnent la dépouille de Jules Vallès au cimetière du Père-Lachaise.
Jules Valles
Qui se souvient de Louis Badaud Laribière Gand Maître de l’Ordre qui condamna l’engagement de ceux ci, dans sa circulaire du 1er Août 1871 ?
Cette action fut celle de Frères et d’Ateliers, pas de la maçonnerie en tant qu’institution.
Nous leur devons beaucoup.
Cela relativise l’influence de la Franc Maçonnerie dans l’histoire. Ce que nous constatons c’est qu’il existe des périodes où le courrant des idées entre en résonance avec une majorité de nos membres. Cela démontre aussi que le conservatisme d’appareil est un danger mortel. C’est vrai en politique, amis aussi pour tout.
Grace à l’engagement de Frères dans la Commune notre ordre a perduré.
Ne pas nous égarer, reste sacré !
BL
2015
Références
Olivier Lissagaray (L’histoire de la Commune de Paris)
La Commune » par le groupe Spartakus (introuvable !)
La Guerre civile en France » de Karl Marx
La guerre de 1870- 1871 et La Commune de Paris » de Georges Bourgin , conservateur des Archives Nationale, somme de documents et d’iconographie.
Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris » d’Arthur Arnould (réédité en 2006)
Les Francs-Maçons et la Commune de 1871 » de Gérald Dittmar édité en 2003
Mes carnets rouges » Maxime Vuillaume ed La Découverte 2011
Limousin Espalier « L’Art Royal, trahison et clerc » 1° ed 1999
Franc-Maçonnerie et Faïences» Nevers Palais Ducal ed C Ghivasky juin 2000
Louis Michel « La commune, Histoire et souvenir »
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Le siècle des ténèbres
26 FÉVRIER 2015 | PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART
http://www.mediapart.fr/print/506707
http://www.mediapart.fr/pdf/506707
« Toutes les victimes, qu’elles soient de Paris ou de Copenhague, qu’elles soient juives, coptes d’Egypte ou chrétiennes d’Irak, sont les victimes de ceux qui ont décidé que le siècle des Lumières devait céder la place au siècle des Ténèbres », estime Daniel Keller, Grand Maître du Grand Orient de France. « Il faudra plus qu’un sursaut », ajoute-t-il, « pour ne pas céder à tous ceux qui prétendent résoudre nos maux dans la désignation de boucs-émissaires ».
Après Paris, l’attentat de Copenhague et la profanation du cimetière juif de Sarre-Union montrent que le fléau qui s’abat aujourd’hui sur nous n’est pas circonscrit à un seul pays. Le mal est plus profond, il touche par-delà les frontières l’Europe, non pas l’Europe politique, non pas l’Europe institutionnelle, mais le modèle de civilisation dont elle est porteuse. Que deux pays socialement aussi différents soient la cible de tels attentats ne peut que conduire à relativiser l’argument selon lequel ces déferlements de haine auraient des causes d’origine avant tout économiques et sociales.
Il faut chercher l’explication ailleurs, dans le type de société dont l’Europe est l’incarnation. Ce modèle est le descendant direct de la civilisation des Lumières qui triompha au XVIIIe siècle. Cette civilisation s’enracina dans sa capacité à démontrer que les châtiments barbares qui existaient alors appartenaient à un autre temps. Elle s’affirma dans sa volonté d’expliquer que les peines devaient être proportionnées aux délits, elle s’imposa dans sa faculté à repenser le droit de punir. Ce processus de civilisation fit triompher peu à peu un principe : le principe d’humanité. Cette humanisation des rapports entre les individus trouva des prolongements institutionnels dans le cadre des démocraties naissantes qui, succédant aux monarchies éclairées, jugèrent nécessaire peu à peu de faire précéder l’organisation politique de déclarations des droits. La France, à travers le modèle républicain qu’elle s’est donnée, prolongea à son tour ce mouvement en proclamant que l’ordre politique devait être distinct de l’ordre religieux. C’est pourquoi le chef de l’Etat, en France, n’est pas le chef d’une Eglise ni ne prête serment sur la Bible.
C’est tout cela que les actes barbares qui ensanglantent le monde veulent remettre en cause. Et de ce point de vue, toutes les victimes, qu’elles soient de Paris ou de Copenhague, qu’elles soient juives, coptes d’Egypte ou chrétiennes d’Irak, sont les victimes de ceux qui ont décidé que le siècle des Lumières devait céder la place au siècle des Ténèbres. Le processus de déshumanisation dont se réclament ces nouveaux fanatiques peut nous sembler irrationnel, inexplicable. L’Histoire est remplie d’exemples retraçant la folie meurtrière des hommes à raison de l’intolérance dont ceux-ci savent faire preuve.
Il est peu vraisemblable que cette nouvelle idéologie connaisse une prompte inversion. Trop de facteurs viennent radicaliser les comportements à l’œuvre. La géopolitique au plan international, la dislocation des Etats à travers le monde sont autant d’obstacles à un retournement rapide. Il convient donc de se préparer à un conflit sans visage de longue haleine dans lequel notre pire ennemi serait l’esprit de renoncement.
C’est bien en nous battant pour le modèle de civilisation qui est le nôtre que nous ferons reculer ceux qui veulent le mettre à mal. Par ce combat, les individus retrouveront également le goût du vivre ensemble, un vivre ensemble qui soit le fruit d’un projet commun. Non qu’il faille encenser le goût du sacrifice mais il est devenu désormais urgent de poser à nouveau la question ultime que tout peuple a dû affronter au cours de son Histoire sous peine de disparaître: pour quoi est-on prêt à se sacrifier ?
On célèbre aujourd’hui le sursaut dont les citoyens européens font preuve au regard des événements tragiques que nous vivons. Mais il faudra plus qu’un sursaut, il conviendra de faire preuve de persévérance, de savoir se rassembler sans hypocrisie et en toute lucidité autour des valeurs et des principes qui ont fait notre société au-delà des intérêts particuliers toujours divergents. Il sera nécessaire de conjuguer le courage et l’audace pour ne pas céder à tous ceux qui prétendent résoudre nos maux dans la désignation de boucs-émissaires.
Le cours tragique du monde nous fait chercher à tâtons des ennemis insaisissables, mais n’oublions pas que nos pires ennemis sont d’abord en nous-mêmes. C’est en nous que nous devons puiser la force nécessaire pour que ce siècle commençant ne soit pas un siècle de ténèbres.
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"Mettre la laïcité et la transmission des valeurs républicaines au cœur de la mobilisation de l'école".
Ou comment participer à cette mobilisation.
Une action ministérielle est engagée pour "mettre la laïcité et la transmission des valeurs républicaines au cœur de la mobilisation de l'école".
Même si on peut s'étonner et se méfier du soudain amour immodéré de tout le monde pour la laïcité, il me semble que nous, devons saisir cette opportunité de pouvoir agir au sein de l'école, puisque cette fenêtre a été fermée depuis si longtemps. Comme disait un de nos frères à ce propos : « après avoir marché si longtemps dans le désert, profitons du verre d'eau qui nous est offert ! »
Comment pouvons nous agir ?
De deux manières:
1/ Le Délégué Départemental de l’Education Nationale (D.D.E.N.) : Un ami de l’école publique !
Nommé officiellement pour veiller aux bonnes conditions de vie des enfants, à l’école et autour de l’école, les délégués sont désignés par l’Inspecteur d’Académie, Directeur des Services de l’Education Nationale. Leur mandat (4 ans) est renouvelable et toujours révocable.
Chaque délégué exerce sa fonction à titre individuel, dans la ou les écoles dont il a la charge, et collectivement, dans le cadre de sa délégation.
Comment devenir D.D.E.N. ?
http://www.dden-fed.org/comment-devenir-d-d-e-n/
2/ Réserve citoyenne de l’Éducation nationale :
Dans chaque académie sera créée une "réserve citoyenne de l'E.N"; à l'occasion des prochaines "assises de la mobilisation pour les valeurs de la République à l'école" ( prévues en mai). Si le nom ( à mon avis) n'est pas sans doute le plus judicieux, c'est un "outil" composé d'intervenants extérieurs qui pourront régulièrement, et à leur demande, aider les enseignants pour illustrer leurs cours dans tel ou tel domaine ou sujet, notamment en matière d'éducation à la citoyenneté et à la laïcité, à l'éducation aux médias et à l'information, à la connaissance et mise en œuvre des principes républicains, etc ...
Bénévoles d’associations, professionnels, retraités, étudiants… Vous souhaitez participer à la réserve citoyenne de l’Éducation nationale et apporter votre soutien à la transmission des valeurs de la République ? Vous pouvez dès à présent vous préinscrire sur www.lareservecitoyenne.fr.
Pour cela, il vous suffit de remplir le formulaire en ligne en mentionnant notamment votre ou vos champs d’expertise (actualité et médias, arts et culture, citoyenneté et valeurs de la République, droit, environnement, histoire et mémoire, international, monde professionnel, santé et prévention) et d’envoyer votre demande aux services de l’Éducation nationale. Vous recevrez ensuite un message vous invitant à transmettre votre candidature avec lettre de motivation et CV. Si vous êtes sélectionnés, vous serez contactés par l’académie la plus proche de chez vous, les écoles, les collèges et les lycées pouvant alors faire appel à vous.
JCl.F
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Rappeler ce qu’est la laïcité
Tribune parue dans Marianne daté du 23 janvier
A un moment où la laïcité semble apparaître comme un ultime recours pour toutes celles et tous ceux qui souhaitent rebâtir la République, l'avis émis par l'Observatoire de la laïcité le 14 janvier montre les écueils qu'il conviendra d'éviter si l'on ambitionne pour la République autre chose que sa transformation en une mosaïque pluriconfessionnelle. Il appartient à l'Etat de garantir à chaque religion le droit de pratiquer son culte en toute quiétude, tout comme l'enseignement de l'histoire doit permettre à tout élève de connaître l'histoire des religions. De même, il n'est pas contestable que la présence d'aumôniers musulmans dans les prisons puisse constituer un réel soutien pour les détenus qui ont embrassé cette religion. Mais ces mesures ne sauraient relever de la promotion de la laïcité, contrairement aux suggestions faites par l'observatoire. C'est même tout le contraire. La laïcité n'a pas pour vocation d'apporter une meilleure connaissance du fait religieux, que ce soit dans le cadre des « livrets de la laïcité », des programmes scolaires ou à travers la création d'établissements privés de théologie musulmane.
Le moment est venu de rappeler ce qu'est la laïcité, à savoir un principe d'organisation de la société fondé sur la séparation des églises et de l'Etat, de telle sorte que dans l'espace public les confessions restent silencieuses. S'il en est ainsi, ce n'est pas parce que la laïcité serait une antireligion, c'est simplement parce que l'espace public est le terrain à l'intérieur duquel les individus doivent faire l'expérience de leur qualité de citoyen. Et cet exercice exige que l'on se départe des assignations de toute nature qui pèsent sur nous.
La laïcité est donc avant tout le creuset de l'éducation à la citoyenneté. Elle est un contenant plus qu'un contenu et elle crée les conditions grâce auxquelles tout individu devrait être en mesure de participer à la communauté des citoyens qui incarne la République. Le vivre-ensemble ne repose ni sur une loi préalable ni sur l'imposition d'un dogme, il est le produit d'une invention collective parce que le vivre-ensemble républicain est toujours un vivre-ensemble en devenir.
C'est à l'école que doit s'opérer la construction première de la citoyenneté. Elle commence par l'apprentissage de la civilité sans laquelle il n'est que négation de l'autre. Civilité des enfants entre eux, civilité envers les adultes qui les encadrent. Cela se poursuit par le réapprentissage de la notion de respect. Le respect n'est pas soumission, il est une marque de reconnaissance envers celui qui est chargé de transmettre un savoir. L'école doit aussi permettre de mettre en pratique les notions de solidarité et d'entraide. Le but reste de favoriser une connaissance réciproque qui fasse reculer les facteurs d'incompréhension, d'éveiller le sens de l'empathie. Celle-ci est la première marche de la fraternité sur laquelle repose la République.
L'école est aussi le lieu où chacun doit accéder à la liberté, c'est-à-dire avant tout la liberté de l'esprit. Cela passe par un enseignement qui mette en perspective le chemin qu'ouvre l'exercice de la liberté de conscience : il doit favoriser l'éclosion de l'esprit critique, l'aptitude à mettre à distance ses propres opinions et préjugés. Mais l'enseignement doit aussi favoriser une réflexion sur toutes les entraves et inégalités qui fragilisent le pacte citoyen, à savoir les discriminations, les inégalités entre les hommes et les femmes.
Réaliser une telle ambition repose sur quelques prérequis nécessaires : la maîtrise du langage et de l'écriture chez l'élève demeure le fondement indispensable à l'exercice d'une raison éclairée. Expression du caractère libérateur du savoir, cette maîtrise est nécessaire à toute construction d'une sociabilité fondée sur le dialogue. Elle trouvera des prolongements dans la suite du parcours scolaire, dans le cadre de la compréhension de ce qu'est la démocratie, de ce que sont les grandes lois qui en constituent les piliers, de l'engagement de celles et ceux qui se sont battus pour la République et, de ce point de vue, l'entrée au Panthéon de Jean Zay, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz offre une opportunité, sans parler de la mise en place d'un service civique pour tous, destiné à mettre la jeunesse en situation de responsabilité.
Cette politique ne produira d'effet que si la formation des enseignants sensibilise ces derniers aux enjeux de la laïcité. Il est également indispensable que les politiques urbaines, sociales et économiques nécessaires à la reconquête des territoires perdus de la République soient mises en œuvre. Car l'émancipation que propose la laïcité ne saurait être une émancipation abstraite.
En conclusion, la laïcité, c'est avant tout la volonté de faire triompher l'esprit républicain.
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