LANCHE INTRODUCTION  SUR THEME : TRAVAIL/DIGNITE/EXCLUSION

V :. M :. et vous tous mes FF :. et SS :., tous égaux en droits et devoirs,

La commande passée par notre V :. M :. est une réflexion préparatoire à un débat sur le thème : Travail/Dignité/Exclusion – Vaste sujet - qui fait aujourd’hui le buzz,  notamment avec le projet de loi El Khomri sur le Code du Travail, base du supposé pacte social en France. Le microcosme politique, social et populiste s’en donne à cœur joie. Peu importe le résultat social, pourvu que chacun fasse sa place au soleil.

Travail/Dignité/Exclusion, c’est aussi le fonds de commerce de l’humanisme et plus particulièrement celui du Grand Orient de France, depuis des décennies et même plus.

Notre R :. L :. a déjà traité, en plusieurs fois, chacun des éléments de ce triptyque, par des planches finement ciselées et une réflexion de qualité allant, notamment, de la règlementation européenne à la dérèglementation mondiale, passant par la robotisation du travail avec ou sans l’aide de l’homme bionique et l’éventuelle inutilité de l’homme dans le processus de production, avec un regard appuyé sur la dignité moteur de toute espérance humaine, sans oublier ce très attendu revenu d’existence ou la richesse se partage sans qu’il soit besoin de participer à sa création.

Nous savons tous, du moins ici, que le travail peut être source de fierté et d’épanouissement pour l’homme et sa famille, facteur d’intégration et de reconnaissance sociale, moyen de mener une existence digne, source de dépassement de soi par l’accès à la connaissance et à la culture, bref de poursuivre son lent parcours d’hominisation. Et bien plus encore ...  

Mais il y a aussi le revers de la médaille, avec la déshumanisation de la relation sociale, le harcèlement moral, la pression pour atteindre les objectifs, les cadences infernales, le stress qui prend au ventre dès le lundi matin et qui ne vous quitte plus, le peu de reconnaissance de la hiérarchie, la disparité des revenus – ceux honteux des actionnaires – ceux scandaleux de certains PDG – et ceux misérables de la mase laborieuse, les dépressions voire le suicide, indices de mesure du mal-être des salariés et cadres. Et bien plus encore ...
 
Cette réflexion, volontairement sommaire, n’est pas que française ni qu’européenne mais mondiale. En effet les pouvoirs de décisions et de conjonction économique se situent à l’échelle planétaire, dans la bulle financière, alors que nous faisons semblant (syndicats, patrons, gouvernement ainsi que la grande masse laborieuse)  de vouloir régler ces problématiques sociales à l’échelle hexagonale. Si je devais caricaturer, je dirais que nous avons inventé, en France avec notre Code du Travail et notre système de négociation sociale, le canon à propulsion de particules de bonheur à l’échelle planétaire. Excusez du peu ... Si le ridicule tuait .... Et si vous êtes lucides vous connaissez la réponse.

Revenons sur terre et écoutons quelques slogans qui nous ont été proposés ces vingt dernières années et qui ne sont pas neutre quant à l’adhésion à un projet d’organisation sociale et politique : En effet nous sommes passés,
­    du : Travailler Moins en Gagnant Autant - de Martine AUBRY,
­    au : Travailler Plus pour Gagner Plus - de Nicolas SARKOZY,
­    au : Gagner le Minimum sans Travailler -  du revenu d’existence,
­    au : Travailler le Dimanche pour Gagner Plus –  Ou - Obliger l’Autre à ne pas Travailler le Dimanche pour préserver sa propre liberté,
­    mais aussi du : Travailler Plus pour Gagner Moins d’Air France notamment et pas seulement, car le thème est planétaire,
 Le dumping social est aujourd’hui une réalité, acceptable ?.. et accepté ?..

Tout ceci est plus moins bien - que moins plus mieux - comme le dit la célèbre publicité. Si vous n’avez pas compris ne vous inquiétez pas, c’est normal, c’est comme la politique sociale menée à l’échelle planétaire ...

Il est temps de retrouver notre humain du XXIème siècle : clichés :
­    Le travail est source d’esclavage pour les salariés qui subissent les cadences infernales, le harcèlement moral si ce n’est plus, le discrédit de leur hiérarchie, le désintérêt de l’actionnaire,  la déconsidération au sein de sa propre famille pour le faible prestige de son emploi et pour les revenus ridiculement faibles ramenés à la maison.... la disqualification sociale participe à la perte de sa propre identité sociale. Alors que les patrons s’en mettent plein les poches ... et le font savoir de façon décomplexée.

­    La relation dominant/dominé joue à plein et la lutte des classes prend aujourd’hui une nouvelle tournure, avec l’augmentation des populations humaines fragiles, assistées et marginales mais aussi des populations extrêmes riches. Ces catégories n’ont rien en commun, cependant, opprimés et oppresseurs votent d’un même élan pour l’extrême droite... Il n’est plus question de solidarité, de dignité et d’exclusion, les attentes (fortes et contradictoires) appellent un ordre nouveau, mais lequel ... Certain proposent celui de 1940 ...

­    Le discours ambiant clame que le travail (sous quelque forme que ce soit) est un devoir de tout citoyen envers la nation. Celui qui n’y contribue pas est catalogué comme profiteur de la générosité publique et ne mérite pas  les gigantesques efforts que l’on fait pour lui, pour ses multiples femmes et leurs nombreux enfants. Affaire classée : retour au pays même si leur pays est le nôtre ... Alors la prison devient le moyen d’éloigner le vice de nos blanches colombes ...  et la prison, école patentée de la délinquance prend un nouvel essor ... Travail/dignité/exclusion me direz-vous ? ...  Notre système social semble bien en panne et ce durablement ... qui va allumer la première mèche ...

­    Et puis, il y a la multitude de ceux qui ne font pas le buzz, ceux qui bossent et y prennent plaisir, élèvent mais aussi éduquent leurs enfants, militent dans le monde associatif qu’il soit sportif, culturel, soutien scolaire, civique ou religieux peu importe ... leur générosité et leur altruisme n’empêche pas leur désespérance – qui n’est pas un vain mot. Ils attendent que la République œuvre pour un monde meilleur ... mais chacun à son idée – une vrai tour de babel me direz-vous.

Dans le bordel ambiant, national et mondial, dans lequel l’homme se complait, que pèsent les notions de Travail, Dignité et Exclusion ? Rien, c’est clair ...

Pour comprendre la situation actuelle ne faut-il pas mieux appréhender l’humain dans sa propre complexité ? Essayons :

 L’humain est un être multicellulaire complexe, doté d’une certaine forme de raison, dépendant de ses congénères pour sa reproduction, pour sa survie dans sa phase naissante mais également tout au long de sa vie. Il n’existe que parce que le groupe existe. La notion de solidarité biologique est innée chez l’humain et fluctue, dans le temps, en fonction de l’évolution personnelle de chaque être. La vie en groupe est facteur de sécurité pour l’humain. L’exclusion est réservée à ceux qui ne respectent pas les règles conventionnelles du clan.

Cet humain, est, génétiquement dominant envers ses congénères mais également envers les êtres dits inférieurs (animaux et plantes). Il impose son autorité naturelle par tous moyens y compris par la violence. Son comportement hégémonique planétaire, voire cosmique, en fait un prédateur de premier ordre. Il rêve secrètement à son immortalité (voir le mythe de Gilgamesh) et les progrès de la science actuelle lui font espérer ce passage de rêve à réalité, ou l’individu humain ne serait plus dépendant du clan.
Vive le nouveau concept de vie ou liberté et individualisme serait l’alpha et l’oméga de la société. Adieu règles et règlements, droits et obligations, croyances et vérités.

Parce que le principe de vie en commun a laissé la place, dès l’émancipation de l’homme, au repli identitaire (appartenance à une caste)  et à l’individualisme social.

Tout ceci n’est rien en regard des mécanismes et des forces dominatrices en présences. Nous jouons en permanence au poker-menteur. Les dés sont pipés. Les valeurs sociales et humanistes n’ont jamais étés partagées par le grand public, aujourd’hui pas plus qu’hier et encore moins que demain ? Attendons, la réponse ne saurait tarder...

Si nous schématisions à l’extrême sans toutefois caricaturer nous observerions que :
­    La bulle financière mondialisée a pris le pouvoir par main mise sur l’économique et par voie de conséquence sur la politique sociale,

­    Les états et leurs gouvernements sont chargés de légiférer sur des mesures locales d’ajustement de cette politique mondiale, en quelque sorte de mettre en musique la politique mondialisée décidée par d’autres et la faire accepter par les populations, par un processus d’apparence, j’ai bien dit d’apparence démocratique,

­    Les masses laborieuses ne peuvent qu’accepter le peu qui est donné aujourd’hui de peur d’avoir encore moins demain que ce soit en salaires, en conditions de travail, en reconnaissance sociale, en dignité, en chance de ne pas encore être exclu du système,

­    L’humain, dans ses tendances actuelles, diverses et variées, générales ou particulières, outre un comportement viscéralement individualiste, ne sacralise plus le travail comme moyen d’épanouissement.
Il veut profiter de sa vie, avoir plus de temps libres et plus de loisirs pour lui et sa famille, souvent complexe parce que recomposée ...
Sa propre contribution de solidarité à l’égard des plus démunis est un véritable déchirement. Il y en a marre de payer pour les autres, tout en profitant lui-même des largesses publiques ...
Le pacte social et règlementaire actuel, est, de son point de vue insuffisant et la préservation des acquis (de classe) prédominent à toute évolution. Bref, le système est bloqué.
L’esprit entrepreneurial et la prise de risques n’est pas sa culture, il préfère ou plutôt accepte la position de salarié parce que plus sécurisante intellectuellement.
Le Code du Travail est sa Bible et vouloir réformer la Bible est un crime d’apostasie.  Ceci explique peut-être cela ... culturellement parlant ...

­    Le monde de l’entreprise se bat en permanence pour être concurrentiel, prendre des parts de marchés, innover, inventer, organiser, produire, vendre, mais aussi produire de la marge pour payer ses charges et ses salariés aussi bien mais pas mieux que le concurrent, générer des bénéfices pour investir et rétribuer son actionnariat, vital pour son développement.
Ce monde de l’entreprise prend, en permanence, un risque, celui de tout perdre.
 
Nous observons donc que la problématique du Travail/Dignité/Exclusion dépasse largement le dialogue social par branche ou encore notre bon Code du Travail, parce que les véritables décideurs ne sont pas en face de nous et que leurs ambitions sont, durablement financières et non sociales.

Alors que faire pour instaurer un nouvel ordre social humaniste planétaire ?

Je n’ai pas de solution miracle à proposer,  encore moins à assener les vérités acquises au café du commerce du coin, nous sommes là pour réfléchir, échanger et se faire une intime conviction. Et œuvrer certainement à l’avènement d’un monde meilleur, comme nous avons l’habitude de le dire.

Je vous propose cinq pistes de réflexions, pour le débat qui va suivre :

1 - L’actuelle désespérance sociale de l’humanité peut-elle nous conduire et par quels moyens, vers un humanisme apaisé ? Un humanisme de partage ?  Un humanisme civilisationnel ? Un humanisme codifié pour être durable ?

2 - L’humanisme, que nous appelons de nos vœux, doit-il être libéral, social ou solidariste, ce dernier étant un mélange d’autonomie de la conscience individuelle chère aux libéraux et la réparation des injustices sociales chère aux socialistes ?

3 - A l'heure où, dans un affrontement généralisé des civilisations, le terrorisme se répand dans une spirale de moins en moins maîtrisée, où l’humain reste un simple moyen de production – ou les nouvelles formes de sectarismes économique, idéologiques ou religieux déstabilisent nos fondements civilisationnels,  l'avènement d'une « Res Publica » latitudinaire, autrement dit : la République Planétaire est-elle encore  vision utopique ?

­    4 – Si nous devions écrire le pacte social du XXIème siècle, quels en seraient les fondements ?

­    5 – L’actuel système d’organisation du travail étant à bout de souffle, ne donnant satisfaction ni aux salariés, ni aux entreprises et encore moins aux actionnaires, quelles pistes envisager pour un Code du Travail Humaniste et Planétaire ?

Mes FF :. Et mes SS :. Projetons nous dans le temps futur et dans l’espace planétaire et ouvrons un débat serein comme il convient à tout sujet de prospective humaniste.

J’ai dit
06 mai 2016 EV.