Réflexions de début d’année…

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La permanence de la crise économique que nous vivons est propice au repli sur soi,  conduit à perdre espoir en l’avenir et à se tourner vers les images du passé, à réveiller des idéologies fondamentalistes ou totalitaires qui prétendent construire un nouveau bonheur, par la servitude, la soumission, en abandonnant toute idée de pensée, toute liberté de penser, toute liberté de conscience, tout principe d’égalité.
C’est ainsi que la Laïcité, en tant que  code de vie collective et force morale, que théorie pratique de la démocratie, est remise en question par diverses mouvances et groupes religieux, qui rejettent la suprématie du droit positif sur les textes à leurs yeux sacrés.

Le monde politique également, par un  flou juridique permanent doublé d’indécision chronique, favorise, au sein de nombreuses institutions tant  publiques que privées, des confusions et/ ou accommodements qui alimentent les « extrêmes ».
Enfin, il est aujourd’hui courant d’entendre que c’est le lot commun des mortels (c’est-à-dire nous) qui ne comprend pas les attraits de la Laïcité et qu’il faudra faire un effort de pédagogie pour régler le problème…
Le « vrai » problème, n’est-ce pas une trahison de nos politiques ? Comment oublier que tous les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont amplifié d’un commun accord tout l’arsenal anti-laïque issu de Vichy ?
En appeler simplement aux « citoyens » constitue assurément un tour de passe-passe bien commode, d’autant que la Laïcité concerne avant tout les institutions publiques qui doivent être neutres, et non les citoyens qui ont, selon nos principes républicains, le droit et le devoir d’avoir une opinion.
La Laïcité a pour but, faut-il le rappeler, de rassembler ceux qui veulent vivre ensemble, dans le respect de leurs différences, avec un code partagé de vie commune.
La Laïcité part du point de vue que tout le monde aspire à l’égalité des droits, à la liberté absolue de conscience, mais en aucun cas à une exigence de l’affirmation des différences (apologie du communautarisme !)
Etre attaché à la laïcité est l’expression d’une volonté de fraternité et de rapprochement entre les partisans de l’émancipation humaine.
Cela suppose bien entendu de récuser toute hiérarchisation de civilisation ou de culture, toute notion de « race », d’ethnies supérieures aux autres !
D’ailleurs, pour faire un peu d’histoire, le principe de Laïcité est issu de la civilisation gréco-latine, du monde arabo-musulman, de la Renaissance en Europe, des Lumières philosophiques et des révolutions anglaise, américaine et française.
C’est bien de là que va naître cette idée, puis cette revendication, cette aspiration universelle : l’homme libre dans une société libre.
C’est aussi ce qui me faire dire que la laïcité est universelle, et ne peut être complète que lorsqu’elle entreprend de réaliser socialement l’idéal humain, c’est-à-dire tendre à l’institution d’un régime sous lequel pas un seul Etre humain ne peut être soumis, sacrifié ou même négligé, placé dans l’impossibilité d’exercer ses droits et remplir ses devoirs d’homme.
En découle qu’elle doit rejeter, au nom de la dignité humaine, le triple joug du pouvoir abusif de l’autorité en matière religieuse (et non le droit de croire), du privilège en matière politique et du Capital en matière économique.
Elle est cohérente et républicaine ; elle est exigeante. Elle vise, par l’exercice éclairé de la libre volonté, au cœur de la vie sociale et politique dans ses dimensions les plus générales, parce qu’il faut les fonder en droit et en raison à chaque instant de notre histoire (et non pas une fois pour toutes).
Elle n’est pas « une révélation », ni sortie toute armée de la tête d’aucun prophète. Elle se cherche, s’exprime, se discute, s’exerce et, s’il le faut, corrige, se repent…
Déclarer, même solennellement, à l’ouverture de nos Travaux que le GODF attache une importance primordiale à la Laïcité, est-ce suffisant ?
Au-delà du fait que la Laïcité n’appartient à personne en particulier, mais à tous, la réponse est évidemment non.
Il convient de prendre toute sa place dans le champ de bataille laïque, contre toutes les forces obscurantistes d’où qu’elles viennent,  en ayant aussi la conviction que nécessairement le ciel finira par s’éclairer !
Au fil des siècles, la Franc Maçonnerie a pu et su participer par sa réflexion, par ses actions, aux grandes mutations qui ont permis l’émancipation de l’Homme sans la Société, sachant être une « caisse de résonnance » des idées des Lumières.
Redevenons ce laboratoire d’idées et de pensées qui a tant fait progresser  l’Humanité hier. Il nous appartient de mener ce combat,
-parce que notre Ordre est fondé sur la reconnaissance de l’égalité de tous les Etres humains et de l’opposition à toute forme d’abaissement et de servitude, sur l’utilisation de la Raison
-parce que notre Ordre est international et forcément universaliste, ne confondant pas égalité et uniformité,
- parce que notre Ordre est humaniste, conscient de l’unicité de l’humanité et de la multiplicité des individus.
La Laïcité suffisante ? Sûrement pas. Nécessaire ? Toujours…


Aux arguments de la force, opposons la force des arguments !

JCF