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Citoyens, amis, camarades, SS et FF,
Ce matin, au pied de ce monument, on été prononcés  des discours saluant l’héroïsme de millions de soldats anonymes, morts au combat, et, dit-on, dans l’honneur et pour la France » dans ce conflit interminable et dévastateur que fut la guerre de 14/18.
Nulle intention, ni volonté de critiquer cette manifestation du souvenir , non pas des généraux et autres galonnés de la Grande Muette qui jouaient à la guerre dans leurs bureaux comme on joue aux dames, mais de tous ceux qui ont été envoyés à la boucherie, à une mort certaine pour servir des causes  purement matérialistes  au profit des intérêts de consortiums comme Krupp d’un côté et Schneider de l’autre, et encore  d’autres causes plus politiques pour la plupart inavouées…
Manifestation du souvenir de ces hommes qui ne demandaient qu’à vivre, à aimer, à construire, mais qui crevaient dans les tranchées ou sous l’effet d’assauts imbéciles exigés par un Etat Major aux abois ou aux égaux surdimensionnés !
Souvenons de ce que disait Anatole France : « on croit mourir pour la patrie, et on meurt pour les industriels »….
Le GODF prend à nouveau la parole en ce jour de souvenir parce qu’il a pour sa part, commencé à se mobiliser dès 1935 pour exiger la réintégration dans la mémoire collective des fusillés pour l’exemple, des français et des étrangers volontaires de la guerre de 14/18 ;
A ce titre, et parce que, malgré de multiples promesses de différents responsables politiques, rien ou pratiquement rien n’a été fait à ce jour, il est normal que nous soyons présents ici avec toutes les associations citoyennes, laïques, pacifistes, républicaines, qui réclament Vérité, justice et Honneur.
Et qu’on ne s’y trompe pas, Ce combat  vise à faire reconnaitre le droit à la désobéissance quand sa vie ou celle des autres en dépend, le droit d’avoir peur, le droit de refuser de tuer sans même savoir pourquoi, de se révolter contre la barbarie de la guerre, de refuser de se faire massacrer pour des intérêts particuliers. C’est aussi pour le respect de la liberté absolue de conscience, à laquelle nous sommes viscéralement attachés.
Au cours de cette guerre monstrueuse qui a fait plusieurs millions de morts au fond des tranchées et détruit autant de vies, 2500 soldats pris au hasard ont été condamnés et au moins 650 d’entre eux furent fusillés après des simulacres de procès. Et ne sont pas comptées toutes les exécutions sommaires qui n’ont jamais été recensées…
C’est Georges, Jean, François, Arsène, Pierre, Julien, et tant d’autres, camarades d’infortune, ouvriers, paysans, artisans, instituteurs, qui sont morts loin de chez eux, choisis au hasard, ou victimes de tribunaux militaires souvent improvisés, de conseils de guerre dignes de l’inquisition.
Où est le refus d’un ordre devant l’ennemi quand le soldat Bersot est fusillé pour avoir  refusé le pantalon souillé d’un mort ?
Où est le refus d’un ordre devant l’ennemi quand le soldat Félix Baudy tombe sous les balles françaises du peloton d’exécution parce qu’il reviendra blessé d’une tranchée reprise par l’ennemi en Champagne ?
Alors, oui, Nous exigeons la réhabilitation pleine et entière de tous ces fusillés pour l’exemple ! C’est une œuvre de justice pour les victimes, pour leurs familles, pour leurs descendants.
Comme nous le cessons de le répéter, Ces soldats fusillés ne sont pas « morts pour la France », ils sont « morts par la France ».
Le pardon ne peut être la solution à cette situation car nous sommes en République et seuls les rapports à la légalité et à la justice peuvent être les références.
Nul doute que la France du XXI eme siècle, notre République, s’honorerait à reconnaitre sa faute d’alors, plutôt qu’à se voiler la face sur les aspects sombre de son histoire en tentant d’effacer ces faits des mémoires, en prononçant des réhabilitations « au cas par cas »…
Nous ne demandons  ni une amnistie, ni un pardon, ni une belle phrase sur un monument, ni une place au Musée, nous attendons une réhabilitation collective.
Il ne s’agit pas d’un simple devoir de justice pour le passé, il s’agit aussi, en ces temps où tant de de troubles menaçants ressurgissent, d’un formidable message pour le présent et pour l’avenir, pour la Paix, pour que cessent enfin les dominations de peuples sur d’autres peuples,… d’un formidable message pour la liberté de conscience et de l’émancipation humaine.
Alors, puissent enfin nos élus entendre le cri des nombreuses manifestations pacifiques qui se déroulent aujourd’hui, et en tenir compte.
Pour les 6 Loges paloises du GODF, la réhabilitation totale et collective de ceux qu’on appelle «  les fusillés pour l’exemple » est bien plus qu’une exigence, c’est un Devoir pour la République.
C’est ce que l’Humanité leur doit !
J’ai dit