Citoyens, amis, camarades, Soeurs et Frères,
La guerre de 14/18 est un évènement ineffaçable dans notre mémoire et dans la conscience collective des français.  Un conflit interminable et dévastateur pour un enjeu qui ne concernait en rien les soldats des deux bords
Aujourd’hui au pied de ce monument, on été prononcés  des discours saluant le patriotisme et l’héroïsme de millions de soldats anonymes, morts au combat, et, dit-on, dans l’honneur et pour la France ».
Oui, mais on oublie tout simplement le bilan des conseils de guerre, qui vont juger dès 1914  quelque 6000 soldats, en condamner 2500 à mort ou à la déportation, et en fusiller 650 pour l’exemple, sans compter les nombreuses exécutions sommaires ! Tout cela parce qu'ils ne comprenaient pas pourquoi ils étaient là, parce qu' ils refusaient d'obéir à des ordres stupides face à un ennemi qui avait aussi peur qu'eux, parce qu'ils refusaient de sacrifier leurs vies pour une cause qui n'était pas la leur, parce qu'ils avaient envie de vivre !
C'est pour eux que nous sommes là aujourd'hui .Parce que pour eux, la justice n’est toujours pas rendue !
Le GODF qui a, pour sa part, commencé à se mobiliser dès 1935, est présent aujourd’hui, à travers ses Loges paloises, avec toutes les associations citoyennes, laïques, pacifistes, pour exiger la réintégration dans la mémoire collective des fusillés pour l’exemple français et étrangers volontaires de la guerre de 14/18.
Le 11 novembre n’est pas une fête militaire, pas plus qu’une commémoration de la guerre, c’est une fête civique de la paix et de ses morts. C’est une journée du souvenir des millions de citoyens, paysans, ouvriers, qui ont partagé la boue, le sang, la mort…
Rappelons- nous les paroles de Joffre en septembre 14 : "une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Aucune défaillance ne peut être tolérée "
La victoire à tout prix se justifiait et s'exprimait par un mépris total de l'homme qui souffrait et qui mourrait.
Notre présence ne constitue nullement un affront à la mémoire de ceux qui sont tombés au combat, que cela soit bien compris, mais bien un appel solennel aux pouvoirs publics  pour que soit enfin réparée l’ignominie des actes commis pendant cette guerre sur des français, par d’autres français !
Nous ne réclamons pas le pardon pour les fusillés pour l’exemple, ni celui de l’Etat, nous réclamons tout simplement « la justice », principe essentiel, intangible de la République.
Et la justice, c’est la réhabilitation collective, pleine et entière des soldats tombés sous les balles d’autres soldats commandés par des généraux vaniteux, des généraux planqués, qui cherchaient des coupables pour masquer leur incompétence et justifier la débâcle!
Ces soldats fusillés ne sont pas « morts pour la France », ils sont « morts par la France ».
Cette commémoration de la première guerre mondiale doit contraindre les citoyens à s'interroger sur le sens du devoir face à l'atrocité de la guerre : fin 1914, l'armée française avait eu 3OO OOO tués et 600 000 blessés sans émouvoir les dirigeants et leurs généraux...
Combattre pour la réhabilitation de tous ces fusillés pour l’exemple, ce n’est pas un simple devoir de mémoire ou de justice pour le passé, c’est aussi un formidable message pour le présent et pour l’avenir.
C’est, nous le répétons une exigence républicaine ! Au-delà du sentiment profond de vouloir la réparation d’une injustice profonde, ce combat est aussi, ne nous y trompons pas, celui du respect de la liberté absolue de conscience, du droit de dire « non », en l’occurrence ici, du droit de refuser de mourir pour rien.
Jaurès, assassiné il y a tout juste 100 ans, dont d’aucuns disent qu’il fut le premier fusillé pour l’exemple de 1914, disait : « jusque dans l’effort passionné et véhément de libération se reflètera la sérénité du monde nouveau pressenti par nos consciences et nous nous souviendrons de l’atrocité des répressions, non pas pour haïr les hommes mais pour hâter l’ordre de justice où la haine n’aura plus de sens ».
Comprenons que notre combat commun d’aujourd’hui pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple, est bien sûr de rétablir, pour ces hommes qui n'ont commis d'autre crime que de ne pas comprendre et d'avoir peur, leur honneur et leur droit, pour leurs familles qui ont connu l'humiliation et la honte,.
Comprenons aussi que c'est  un combat universel : celui de l’Union des peuples émancipés et souverains.